3 questions... à Mission Lucidity
Pouvez-vous nous présenter brièvement votre institut — sa mission et ce qui le distingue ?
Mission Lucidity, intégré au KU Leuven Brain Institute, est un partenariat multidisciplinaire pionnier, qui réunit le meilleur de l’expertise belge en nanotechnologie, sciences biomédicales et soins cliniques pour répondre à l’un des défis médicaux les plus urgents d’aujourd’hui : les maladies neurodégénératives.
Cette collaboration unique et solide rassemble quatre institutions de renommée mondiale :
• KU Leuven, l’université la plus innovante d’Europe
• UZ Leuven, l’un des hôpitaux universitaires les plus avancés du continent
• VIB (Flanders Institute for Biotechnology), institut de recherche en sciences de la vie à la reconnaissance internationale, avec le taux de citation de brevets le plus élevé au monde
• imec, leader mondial en nanoélectronique et technologies digitales
Ce qui rend Mission Lucidity unique, c’est son intégration profonde des disciplines, combinant technologies cérébrales de pointe, expertise clinique et recherche fondamentale de haut niveau pour accélérer le développement d’outils transformants pour le diagnostic, la compréhension et le traitement des maladies neurodégénératives.
Installés à Leuven, la proximité physique de tous ces partenaires, couplée au leadership technologique d’imec, crée un écosystème d’innovation exceptionnel, qui ouvre de nouveaux horizons en matière de neurosciences intégrant les nanotechnologies.
Avec plus de 1 000 chercheurs et des dizaines de start-up prometteuses issues de ses programmes dans le domaine de la neurodégénérescence, Mission Lucidity porte un portefeuille de projets innovants à fort ancrage technologique, visant à créer des outils applicables dans les laboratoires comme dans les cliniques — pour accélérer les percées sur l’ensemble des maladies neurodégénératives.


Qu’espérez-vous accomplir avec l’alliance CURE-ND 4 ALS ?
Depuis plus de 30 ans, le Leuven Center for ALS (LEUCALS) joue un rôle moteur dans la compréhension de la SLA, grâce à des découvertes majeures et des essais cliniques de référence. Son excellence est aujourd’hui reconnue à l’échelle mondiale, tant dans la recherche que dans les soins aux patients.
Ces trois dernières décennies ont vu des avancées significatives dans le décryptage de la génétique de la SLA, notamment l’identification de mutations responsables de la dégénérescence des motoneurones.
S’appuyant sur cette dynamique, l’initiative CURE-ND 4 ALS vise à lever les blocages persistants dans la recherche sur la SLA, en favorisant une collaboration transfrontalière inédite entre les membres de l’alliance européenne CURE-ND. En mutualisant cohortes, données, biobanques et expertises scientifiques, nous pourrons coordonner les efforts, éviter les redondances et accélérer la transformation des découvertes en thérapies efficaces et en biomarqueurs validés.
Les résultats attendus de cette alliance incluent notamment :
• Une validation préclinique accélérée des cibles thérapeutiques de la SLA — en quelques mois au lieu de plusieurs années
• La standardisation et l’harmonisation des biomarqueurs, humains comme précliniques
• La mobilisation de financements complémentaires variés (pharmaceutiques, philanthropiques, programmes européens)
• Le renforcement du leadership européen en recherche translationnelle sur la SLA
CURE-ND représente une opportunité unique de fédérer des forces complémentaires, stimuler l’innovation interdisciplinaire, et construire un écosystème de recherche intégré. Ensemble, nous pouvons avancer plus vite et plus efficacement vers des traitements transformants pour la SLA.
Qu’est-ce qui nourrit votre optimisme face à une maladie restée sans solution depuis 160 ans ?
Notre optimisme s’appuie aujourd’hui sur une convergence puissante entre les progrès technologiques, une compréhension biologique et génétique plus fine, et une évolution vers une recherche sur la SLA plus collaborative et centrée sur les patients.
Nous disposons désormais de modèles avancés de la maladie, allant des cellules souches issues de patients aux organoïdes complexes, en passant par des systèmes animaux améliorés, qui permettent d’étudier les mécanismes de la SLA avec une précision jamais atteinte. Ces modèles, de plus en plus proches de la réalité humaine, rendent les stratégies thérapeutiques plus prédictives.
Parallèlement, des innovations comme l’omique spatiale, le séquençage unicellulaire ou encore le criblage à haut débit nous offrent une vision granulaire de l’impact de la SLA sur différents types cellulaires et tissus dans le temps. Nous commençons à comprendre que la SLA n’est pas une maladie unique, mais un spectre de mécanismes distincts et ciblables.
Tout aussi essentiel est le partage croissant des données d’essais cliniques, des ressources biologiques et des cohortes longitudinales entre institutions — un objectif qui ne peut se concrétiser pleinement que grâce à des alliances telles que CURE-ND.
En alignant les efforts et en limitant les duplications, nous pouvons accélérer le rythme des découvertes et transformer plus rapidement les connaissances scientifiques en bénéfices concrets pour les patients.
Au cœur de ces avancées : une approche centrée sur les personnes vivant avec la SLA, leurs familles et leurs aidants. Leur expérience vécue guide l’agenda de la recherche, oriente les critères d’évaluation, et garantit que les essais cliniques prennent en compte la qualité de vie et les vrais besoins.
Nous ne travaillons plus en silos, entre laboratoires et institutions. Nous construisons un écosystème fédéré où la science fondamentale, la recherche translationnelle, la clinique et la voix des patients convergent enfin vers un progrès concret.
C’est ce changement de paradigme qui nous donne aujourd’hui un véritable élan — et un réel espoir de changer enfin le cours de la SLA.

